La sonnerie mélodieuse du lycée retentit dans les classes. Takanori Natsuya releva la tête, avant de balayer l’ensemble de ses élèves du regard. Il leva la main, les empêchant de ranger tout de suite leurs affaires. Il n’allait quand même pas les laisser partir sans quelques devoirs à faire ! Il s’empara de la craie posée sur son bureau et traça rapidement les numéros des exercices.
« Voilà, jeunes gens ! Faites moi les exercices cinq à douze dans votre manuel. Vous apprendre également les six kanjis vu aujourd’hui, à savoir impeccablement pour demain ! » Le professeur sourit et s’exclama, l’index pointé vers la porte. « Maintenant, tout le monde dehors, et bonne journée ! »
Ses élèves ne se firent pas prier et commencèrent à ranger leurs affaires dans un joyeux brouhaha. Natsuya s’assit sur sa chaise, attendant que tout le monde soit sorti. Une fois cela fait, il se leva et prit la brosse pour effacer le tableau. Il le ferma en prenant bien garde à ne pas laisser la craie sur la petite étagère en dessous - il avait tendance à l’oublier et devait à chaque fois en demander une nouvelle dans la classe d’à côté. Ses collègues souriaient de son esprit tête en l’air, mais de son côté lui s’en gênait.

Natsuya, âgé de vingt cinq ans bientôt vingt six, enseignait le japonais et l’étude dans kanjis dans le lycée de Yokohama High School. C’était un professeur agréable et disponible, qui n’hésitait pas à se plier en quatre pour ses élèves. Il pensait que l’apprentissage à la dure était un mauvais moyen pour se faire respecter des élèves et gagner leur confiance. Ses cours étaient clairs et facile d’accès ; et si l’on ne comprenait, il suffisait de venir le voir à la fin du cours pour lui demander de nouvelles explications. Natsuya ne rechignait jamais à aider un élève, et proposait des cours particuliers à ceux qui en avaient besoin. Le proviseur était fier de son travail, et le lui avait fait remarqué plusieurs fois. C’était un signe encourageant pour le jeune homme, qui ne demandait qu’à bien faire.

Natsuya tapa ses mains l’une contre l’autre pour enlever la poussière de craie. Il préférait d’ordinaire utiliser le tableau blanc, mais il n’avait plus de marqueur depuis une semaine et devait en acheter. Seulement il terminait parfois tard et n’avait pas l’envie de faire un tour au supermarché. Le jeune professeur rassembla ses affaires éparpillées sur son bureau, classa les papiers avant de tout ranger bien en ordre dans sa sacoche en cuir foncé. Il fit de même avec sa trousse contenant toute une panoplie de stylos rouges. Tiens, il avait oublié de corriger les copies du devoir de l’autre jour... Elles étaient toujours dans son sac. Il se promit de s’y atteler dès ce soir. Il referma la sacoche et la mit sur son épaule. Il sortit de la salle de classe et la ferma à clé derrière lui. Puis les mains poches, Natsuya dévala les escaliers direction le rez de chaussée.
Ce soir, le club de football avait une réunion, et entraînement bien sûr. Natsuya était le professeur qui supervisait ce club - il adorait ce sport, et loupait rarement un match à la télévision. Il sortit du bâtiment pour se diriger vers une des annexes, derrière se trouvait le terrain. Il fit un tour par les vestiaires pour se changer - eh oui !. Il en ressortit vêtu d’une tenue de football : short noir, maillot à rayures noires et blanches, chaussettes noires et baskets blanches. Il déposa son sac sur un des bancs et se dirigea vers l’espère de remise qui contenait tout le matériel. Sa tenue contrastait avec ses cheveux mi-noirs mi-blond fauve - il avait un goût pour l’extravagance.

Natsuya prit dans la remise des ballons et des plots. Surchargé, il revint sur le terrain où il disposa astucieusement les plots. La dernière, il avait parlé avec le capitaine de faire des exercices de courses, pour améliorer leur endurance, qui en avait grand besoin. Ils s’essoufflaient beaucoup trop vite. Et quoi de mieux que de la course un ballon au pied ! Bien sûr, il faudrait quand même qu’ils évitent de trébucher sur la ballon et de se retrouver les quatre fers en l’air...
Du mouvement du côté des bancs attira son attention. Natsuya tourna la tête et aperçut un collègue : Matsubayashi Renya, un des professeurs de sport. C’était un type très élancé, sportif et plutôt amusant. Il lui adressa un signe de la main et Natsuya lui répondit en tendant le bras au-dessus de sa tête. Il irait le voir une fois l’installation des plots terminées. Cela ne prit pas beaucoup. Il rassembla ensuite les ballons au début du parcours. Il dût courir après un qui avait décidé de s’offrir des vacances à l’autre bout du terrain. C’est tout essoufflé qu’il le ramena auprès de ses congénères. Il se passa la main dans les cheveux, l’air quand même satisfait.
Il consulta sa montre ; il était près de seize heures vingt. Natsuya tourna les talons pour rejoindre Renya, qui s’était assis sur un banc. Il se planta devant lui, s’étirant les jambes. Renya avait l’air un petit fatigué - ce n’était pas étonnant, il n’arrêtait jamais... Ils n’avaient pas beaucoup d’occasions de se parler. Surtout, Tokuda Shigure, un des membres du club de football semblait avoir pris le professeur de sport en grippe et l’empêchait de s’approcher de Natsuya. Ce dernier se demandait quelle mouche l’avait piqué mais ne faisait pas trop attention. Il n’avait pas parlé à Renya depuis au moins une semaine et demi ! Ils avaient juste réussi à se dire bonjour dans la salle des professeurs, mais leurs emplois du temps était assez disparates.

Natsuya aimait bien Renya.
« Bonjour ! Alors, qu’est ce qui t’amène ? »
Le professeur de japonais continuait ses exercices. Il maintenait sa jambe contre lui avec ses bras, histoire de bien étirer la cuisse.
« Tu n’as pas cours à cette heure-là, d’habitude ? Woh ! », sourit Natsuya, manquant de tomber. Il se rattrapa sur l’épaule de Renya et faillit s’effondrer sur lui. Mais il se tourna à temps et tomba assis à côté de lui. « Oh, désolé ! »