Que faire lorsque l’on vient de terminer une rude journée de travail et que le monde de la nuit s’immisce peu à peu dans la ville ? Un être humain normalement constitué serait rentré chez lui pour se reposer et dormir paisiblement pour se remettre des clients tous aussi exigeants et insupportables les un que les autres. Mais vous devez savoir que moi, Xiao Mei Lin ne suis pas comme eux, bien au contraire. Tandis qu’une deuxième journée de travail m’attendait tôt le lendemain, j’avais pris la décision de rejoindre des amis pour boire un verre et se saouler jusqu’à l’aube ( l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ), pour ensuite dégriser pendant le boulot. Vivre au jour le jour et profiter de l’instant présent étaient mon crédo. Mais passons la philosophie et occupons nous plutôt de la pratique si on peut appeler ça comme ça.

Comme chaque soir je m’occupais de la fermeture, rangeant soigneusement les différentes caisses, ramassant les vêtements par terre et qui n’étaient pas à leur place, tout en passant un petit coup de balais pour que la vendeuse qui faisait l’ouverture n’ait pas une mauvaise surprise en voyant des strings multicolores un peu partout. J’abaissais le lourd rideau de fer qui protégeait le magasin, saluant les vigiles du centre commercial avant de courir pour attraper un métro à temps pour retrouver ma bande d’amis qui étaient dans un quartier un peu plus loin, et fainéante que je suis, la marche à pied est à bannir. Je marchais tranquillement, écouteur d’iPod enfoncés dans les oreilles, fredonnant un refrain bien connu, m’engouffrant dans une bouche de métro. Je n’étais toujours pas habitué à cette influence du métro coréen comparé à ma maison perdue dans les Montagnes chinoises ; mais cela me plaisait énormément, je n’étais plus seule, je voyais des visages différents défilés à chaque seconde, je pouvais me faire des films sur ces inconnus, les prenant pour de riche homme d’affaire allant retrouver leur maîtresse ou bien une femme au foyer qui partait à une soirée karaoké. A trop penser, on ne regarde plus devant soit et nos jambes peuvent nous conduire n’importe où ; c’est ce qui venait de m’arriver en quelque sorte. Cela faisait une dizaine de minutes que je marchais sans m’être arrêté, ratant ainsi mon train, et me retrouvant au milieu d’un quartier sombre et … inquiétant. Les escaliers qui me faisaient sortir des entrailles de la Terre étaient en piteuses états, à moitié cassé, les rambardes rouillées et quelques taches suspectes les recouvraient.

Un intense frisson me retourna l’estomac. Bravo Mei Lin, tu viens encore une fois de te perdre et qui plus est dans un endroit bizarre ! Prenant mon courage à deux mains, je continuais ma route, observant chaque coin de rue, espérant reconnaître une avenue ou bien un magasin. Mais rien. C’était évident que je n’étais pas au pays des Bisounours. Je déglutis légèrement lorsque mes yeux croisaient ceux d’une bande de bykers tatoués de partout qui me dévisageaient comme si j’étais E.T portant les vêtements de sa grand – mère ( si il en a une ). Peu à peu la peur m’envahissait, je frissonnais sans cesse. Je tentais de trouver un peu de réconfort dans la musique qui me berçait mais rien à faire. Je retirais une oreillette et attrapais mon portable, composant le numéro de la seule personne capable de me sortir de cette situation.

« Allô ? Au secours Batman, je suis perdue … le quartier n’est pas du tout rassurant et des types bizarres me suivent depuis tout à l’heure, ils vont me kidnapper et me torturer pour que je leur donne le numéro de ma carte de crédit, ils liquideront tout mon compte tandis que je disparaitrais pour toujours ……… AIDE MOI JAE HO ! »