Cette chaleur accablante, lourde, infernale m'avait forcé à rester au frais ce jour là. Au frais, c'est un bien grand mot, disons à l'ombre plutôt car ici il faut faire une croix sur la climatisation et les ventilateurs. La justice veux me pourrir la vie ? Elle a réussi.
A l'abri dans ma cellule, j'étais à demi nu, en sous vêtement, le moindre bout de tissu qui touchait ma peau me paraissait insupportable. Même les draps, collés à mon dos commençaient à me rendre fou. La folie, c'est plutôt exagéré même si je suis à deux doigts de faire quelque chose de complètement illogique : me mettre à poil et m'étaler en étoile de mer sur le sol qui lui, conservait un peu de fraîcheur ... Non, ressaisissons nous.
Dans une lenteur nonchalente, je fis quand même l'effort de me lever et d'enfiler l'uniforme de la prison. Une magnifique combinaison orange fluo, moulant à merveille ma silhouette de mannequin. Ironie bien sûr, cela ressemblait plus à un vieux cosplay de Casimir raté, mais c'était ce que le styliste des lieux avait décidé, il fallait s'en contenter.
Paré de mon habit de lumière, je quitte ma cellule, marchant rapidement pour arriver le plus vite possible en lieu sûr : le réfectoire. Au moins là bas, je ne crains rien, la pièce est pleine de gardiens à l'affut et leur protection remplacera parfaitement celle de mes deux compagnons de chambrée. Ils doivent s'y trouver d'ailleurs c'est l'heure du repas, après tout.

" Purée ou pâtes ? "


Je regarde la cantinière puis pose mes yeux sur les deux garnitures au choix, hésitant, comme si l'une était meilleure que l'autre, douce illusion ~

" Pâtes "


Elle me sert alors, une grosse quantité en prime de ce que j'aurais juré être la purée, ils ne sont vraiment pas au point sur les cuissons. Mais je ne me plains pas, j'ai vécu dans la rue et par le passé, j'aurais bien aimé avoir au moins ça à manger. Fin du mélodrame. Je saisis mon plateau, me met face à la salle et cherche des yeux mes deux acolytes qui doivent sûrement manger en tête à tête encore ... Personne. Bof, la solitude ne me dérange pas plus que ça alors je vais m'asseoir seul, de toute façon, il y a longtemps que le repas n'est plus un moment de plaisir pour moi, depuis que je suis ici en fait.
Penché sur mon assiette, je mange avec appétit même si la tièdeur du plat de résistance est difficile à avaler, il fait si chaud ... Et ces lèvres brûlantes dans ma nuque n'arrangent pas les choses ... Des lèvres ?

" Coucou toi "


Soudainement mon être tout entier est traversé d'un frisson alors que je reconnais sans peine l'auteur de ce murmure. Je me crispe sur mes couverts, gardant les yeux fixes, mon pauvre coeur mis à rude épreuve. Mon tortionnaire prend place à côté, calme, étonnant venant de sa part, lui qui est si sanguin. Mais je sens bien que derrière cette tranquillité apparente, intérieurement, il bouillonne, frustré certainement de ne pas pouvoir m'enfoncer sa fourchette dans la carotide, sur-le-champ. Il ne cesse de me fixer, je fuis ses yeux pourtant, ne voulant pas exciter davantage sa haine et ses envies meurtrières. Depuis ... cet incident, c'est devenu une obsession, il veut ma peau, sa réaction en réponse de mon refus. YeHyun, est-ce la première fois que tu te prends un rateau ? N'est-ce pas un peu trop exagéré ?
En tout cas, aujourd'hui n'est pas le jour où il me mettra la main dessus, le réfectoire est sous haute surveillance et il ne risquerait certainement pas un rallongement de peine pour simplement redorer son égo mal placé. Quoique ... Il est plutôt stupide.

" Quoi ? "


Lentement, je tourne la tête, osant enfin affronter son regard. Mon coeur bat fort, alors que je détaille son visage, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu de près et ... il lui ressemble tellement ... Je baisse les yeux au final, en guise de soumission. Que voulez vous, je n'ai jamais été dominant et il reste quand même mon supérieur hierarchique au niveau du clan, Junji n'aimerait pas savoir que je désobéit à son petit frère ... Il est peut être le temps d'enterrer la hache de guerre

" YeHyun ... Tu veux pas lâcher l'affaire ? Ca t'emmerde vraiment que je me sois refusé à toi ? ... ... ... C'est parce que, j'te considère comme un grand frère, tu vois ... "


Et on caresse dans le sens du poil ~