Because i'm the princess... ••• Kho Ji Hun

1&&2

« I feel pretty, oh so pretty ~ » Elle chantonnait tout en se regardant dans le miroir. Oh, Sae Ri était plutôt contente de sa frimousse, de ses cheveux, de son maquillage, de ses vêtements... Ou plutôt, pour faire simple, disons juste qu'elle s'adore, hum ? Son seul petit complexe se résumait en sa sa taille. Juste, trop petite taille. Même si certains trouvent que c'est « mignon », la jeune femme quant à elle a tendance à... A devenir hystérique lorsque l'on lui rappelle oh combien elle est petite. Voilà. Bref. Donc, tout en souriant, la coréenne se préparait. Look du jour ? Mini-short rose et un chemisier blanc à pois, avec un petit noeud tout mignon. Quant aux cheveux... Une sorte de jolie queue de cheval, bien haute. Ah oui, dernier petit détail ! Les chaussures ! De jolies sandales noires à talons. Sans oublier le sac à main comme accessoire. Rose quant à lui. Impossible de faire plus féminin et mignon comme tenue ! Eh oui, cultiver des airs de poupées, ça ne s'apprend pas, c'est inné... Et justement, il s'agit là d'un des points forts de Sae Ri. ~

Aujourd'hui, elle avait rendez-vous avec Sebastian. Enfin, ou plutôt, Ji Hun. Mais elle avait tellement l'habitude de l'appeler Sebastian qu'il lui était difficile désormais d'utiliser son prénom pour l'interpeller. Il était son serviteur, majordome, tout ce que vous voulez. Quant à elle... Eh bien, à votre avis ? Elle ne pouvait qu'avoir le rôle de la princesse ! La coréenne devait le retrouver devant un centre-commercial, car elle avait quelques emplettes à faire. Des vêtements, des vêtements, et encore des vêtements, mais surtout une belle robe car elle avait été invitée à une soirée. Et, naturellement, elle devait se montrer sous son plus beau profil. D'ailleurs, elle comptait bien trainer Ji Hun avec elle puisqu'elle n'avait pas envie de prendre un inconnu pour cavalier. Bref, après avoir passé un petit moment dans les moyens de transport, elle arriva enfin devant le centre-commercial. Elle chercha son compagnon des yeux et finit par l'apercevoir tout juste devant l'entrée. Son sourire devint plus malicieux alors qu'elle s'avançait discrètement vers lui. Hum, disons juste qu'elle aimait faire un effet de surprise aux autres, voilà tout. « HEYYYYYYYYYY. ~ » dit-elle en lui pinçant légèrement les côtes avant de grimacer légèrement, un petit air de gamine frustrée sur le visage. « Ohmygosh ! Il n'y a quasiment pas de graisse... ! Comment est-ce que je suis censée te faire mal, moi ?! »

♥

« Non, non, non ! Quelqu’un m’attend ! Vraiment, c’est important ! Je n’ai pas le temps de dire au revoir, je suis en retard, en retard ! »

HEYYYYYYYYYY. ~

- T’as envie de me faire mal ? Peste !

« T’as envie de me faire mal ? Peste ! » Le sourire de la jeune femme s'agrandissait alors qu'elle donnait quelques coups sur sa poitrine, comme pour démontrer sa force. « Oh mais j'assume mon chou, j'assume. ~ Et puis, les pestes, c'est sekeushiii ! Alors c'est bien ! » Elle laissa échapper un petit rire, amusée parce qu'elle venait de dire, avant de finalement prendre le bras de Ji Hun. Ji Hun était son Sebastian, son majordome, son... Bref. L'important, c'est qu'il la traitait comme une princesse. Et cela plaisait énormément à la brunette, qui n'avait guère l'occasion d'être traitée de la sorte. A la maison, Sae Ri n'est que le démon de la famille voyons, la petite futée qui roule le monde entier dans la farine, qui peut vous sortir dix mensonges par minute mais... Hum, une princesse ? Non, pas vraiment. Lorsqu'elle se mettait à donner des ordres, on l'assimilait plutôt à Satan en train de martyriser ses fidèles. Bref. Joyeusement, la miss s'empara du bras de son ami et se mit à avancer. La coordination de ses pas et de ceux de son ami faisaient un drôle d'effet. On se croirait face à deux personnages sortis tout droit d'un drama, ou un couple insolite suivant les moeurs d'une autre époque. Mais peu importe, vu les regards auxquels ils avaient droit, les deux jeunes gens ne passaient pas inaperçus, et cela ne déplaisait pas du tout à la coréenne, loin de là.

« Sebastiaaaaaaan ~ J'ai quelque chose à te demander. » Sa voix devenait tout d'un coup plus mielleuse. Et puis, le Sebastian affectueux qu'elle venait tout juste de prononcer... Oui, elle avait réellement quelque chose à demander. Grâce à ce "procédé", elle mettait toutes les chances de son côté pour qu'il accepte même si en réalité, la brunette ne lui laissait pas vraiment le choix. Il devait accepter. Et s'il ne le faisait pas du premier coup, elle insisterait encore, comme à son habitude, jusqu'à obtenir la réponse positive qu'elle désirait tant. Têtue ? Hum, c'est le moins qu'on puisse dire. « Il faut que tu m'accompagnes quelque part aujourd'hui. La jeune fille délicate, pure et chaste que je suis n'a aucune envie de se rendre dans la maison d'un homme toute seule... Donc, tu vas m'accompagner, hein ? Dieu sait ce qu'il pourrait avoir derrière la tête ! » D'accord, en réalité, elle n'allait pas réellement se rendre dans la maison d'un homme toute seule puisqu'il s'agissait d'une soirée... Mais ne brulons pas les étapes. Il fallait déjà qu'il accepte de l'accompagner, et ensuite, elle prévoyait de lui faire part du reste des faits. Mais pour le moment, l'intention de la miss fut accaparée par une belle boutique entra dans son champ de vision. Il lui fallait une robe. Sae Ri s'arrêta net face à la vitrine et la fixa pendant un petit moment avant de tirer un peu sur le bras de Ji Hun. « On va aller ici, il faut que tu m'aides à choisir une robe, comme ça je serai la plus jolie de toutes les princesses ! ~ »

Le plus drôle avec Sae Ri est qu'elle assume entièrement sa connerie. Bien plus que moi-même. Son petit rire cristallin n'était guère désagréable à l'oreille. Nous avancions alors, tel un couple de mannequins. Ainsi, nombreux sont les regards qui se posent sur nous. Mais peu importe, ils peuvent bien être envieux, jaloux ou moqueur, je n'accorde aucune attention à ces gens là. « Sebastiaaaan ~ J'ai quelque chose à te demander. » : alerte. Le son de sa voix devient soudainement délicieux et envoutant. L'emploi de "Sebastian" annonce clairement qu'elle veut et va solliciter mes services. Et comme toujours, j'accepterai avec un sourire digne de ce nom, digne de nous, PlayboyZ. Je sais que je suis bien faible de céder à toutes les envies de Sae Ri. Je la conforte même dans son comportement capricieux, mais elle est ma princesse. Pourtant, peu de personne, voir aucune, ne sait réellement ce qu'il se passe chez elle, dans sa famille, dans sa vie personnelle. Elle change à chaque fois d'histoire, mentant ouvertement. A l'usure, j'ai cessé de m'acharner pour comprendre. J'ai simplement décider de la servir. Oui, servir les femmes ; mon élément. A la limite de l'homme objet, mais là n'est pas le sujet. Cependant, c'est uniquement avec elle que je me prône noble majordome ou serviteur dévoué, employez le terme qu'il vous plaira.

Et voilà qu'elle recommence avec des explications farfelues et incompréhensibles. Je fronce les sourcils, tentant tant bien que mal de comprendre son histoire de maison, d'homme et de solitude. Sae Ri ne sait définitivement pas s'exprimer normalement. Mais il va de soit que j'accepte et ma voix s'élève tranquillement pour le lui annoncer :

- Bien sûr que je t'accompagne Princess ~ Mais explique moi correctement ! Où ça et pourquoi ?

Toutefois, l'attention de la coréenne avait déjà été attiré par une belle vitrine. Haussant les épaules, je m'élance et l'entraine dans la boutique. Nous y entrons. Des robes, des jupettes, de la couleurs et des motifs féminins. Parfait pour cette poupée de Sae Ri. D'ailleurs, elle a déjà quitté mon bras pour se pendre aux articles. Je la suis, en désigne un en particulier qui me tape dans l'oeil. Sans un mot, je la lui tends. Elle semble parfaite. Blanche, rayé, simple mais doté de petits pouffes au niveau des épaules. Peut-être un peu courte. Cependant, j'aime la voir dans ce genre de parure.

Il est vrai que très peu de personnes sont au courant de la situation familiale de Sae Ri. La jeune femme met un point d'honneur à ne jamais rien divulguer sur ses parents, sur son passé... Disons juste qu'elle n'aime pas vraiment parler de son histoire puisqu'elle est loin d'être aussi rose qu'on ne le pense. Hum, il faut bien une raison pour qu'une petite coréenne aussi mignonne que Sae Ri devienne une menteuse hors paire, non ? Et pas seulement menteuse. Maligne, têtue, économe, et débrouillarde. Jetez-là parmi des loups, elle trouvera un moyen de les attendrir et de les sauver. Comme elle le dit souvent, elle a déjà atteint le fond et cela ne pourrait jamais être bien pire. Enfin, quoique... Il lui reste encore la mort, la prison, l'hôpital, voir un asile peut-être ? Hum, mais peu importe. En réalité, la brunette ne cherche qu'à rendre sa vie plus rose et plus amusante. En parallèle, elle cherche aussi à trouver un bon mari bien riche pour subvenir à ses besoins, et qui saurait remplir son carte en banque. Puis elle cherche... Hum, arrêtons-nous là, la liste risquerait de s'avérer tout bonnement interminable.

« Bien sûr que je t'accompagne Princess ~ Mais explique moi correctement ! Où ça et pourquoi ? » Il venait d'accepter. Il avait dit que oui, bien sûr, il l'accompagnerait. Tout ce qu'il lui restait donc à faire était de lui donner des explications et des précisions, rien de bien difficile ! De toute façon, cela importait peu désormais. L'important, c'est qu'il venait d'accepter, et qu'il allait donc tenir le rôle de son cavalier durant cette soirée. La jeune femme s'apprêtait à lui répondre quand son attention fut accaparée par une boutique. Sans perdre une minute, entrainant Ji Hun dans sa course, Sae Ri se rendit dans la boutique. Tant de vêtements... Oh. Mais, il ne fallait pas qu'elle dépense trop ! Ce serait tout de même mauvais pour le compte en banque de son Sebastian, non ? Oui, parce qu'elle comptait le faire payer. Quel malheur, elle avait oublié son porte-monnaie dans sa chambre ! Enfin. De toute façon, il avait l'air de s'être lui aussi intéressé à tous ses tissus puisqu'il lui en désigna une... Qui était tout simplement parfaite. Certes, elle avait l'air un peu courte, mais Sae Ri ne rechignait jamais à laisser entrevoir quelques parcelles de peau. Voyez-vous, la coréenne est loin, très loin d'être timide. Enfin. Le sourire aux lèvres, elle prit le cintre et se dirigea vers la cabine d'essayage. En deux temps trois mouvements, elle en ressortit, vêtue de la charmante robe qui, on aurait dit, avait été faite sur mesure pour elle. « … Elle est magnifique ! Ils n'auront d'yeux que pour moi si je m'y rends vêtue comme ça ! » Elle tournait sur elle-même, ravie. Puis elle s'arrêta pour lui faire face, le sourire aux lèvres. « Tu vas devoir m'accompagner à une soirée, organiser par un ami... Enfin... Ami... Bref. Par une connaissance qui pourrait m'être très utile dans le futur. Mais je n'ai pas envie de m'y rendre seule. Et quoi de mieux pour rayonner qu'un cavalier à ma hauteur ~ ? »

Ce genre de magasins, de boutiques sont loin de m'être inconnu. Étant donnée que mes fréquentations se résument pour la plus part du temps à la gente féminine, il ne m'est donc pas rare de sortir en ces lieux, ainsi. J'ai du goût qui plus est. Bien plus pour habiller les femmes que moi même. Après tout, la mode fut créé dans un premier temps pour ces créatures aux belles jambes dénudées. Puis dans un second, elle s'adapta à nos besoins, nous, hommes. Enfin. Quoiqu'il en soit, je prends un malin plaisir à parcourir des yeux les longues rangées de vêtements. Un article en particulier avait attiré mon attention. Il fut entre mes doigts un court moment puisque Sae Ri me le dérobe afin de l'essayer. Un large sourire décore ce visage d'ange que je possède. Je la suis sagement, face à la cabine, les bras croisés sur la poitrine. « … Elle est magnifique ! Ils n'auront d'yeux que pour moi si je m'y rends vêtue comme ça ! », c'est sûr. Elle est superbe. Et je ne parle pas seulement de la robe. Son corps finement taillé arbore des courbes d'autant plus délicieuses vêtue de cette façon ! Ses jambes sont mises en valeur par dessus le marché. Et Dieu sait qu'elle en a des jolies. Je souris une fois de plus. Comment aurais-je pu réagir autrement ? Sae Ri se met alors à tourner sur elle-même, ravissant un peu plus ma vue. Finalement, elle me fait face afin de m'expliquer le déroulement de la soirée.

- Je vois ~ Et bien, j'accepte Princess.

Un pas vers elle, je met ensuite un genou à terre, m'entiche de l'une de ses mains et l'amène à mes lèvres qui l'effleurent à peine, subtilement. Je m'attire les regards des autres clients, mais peu m'importe. Le ridicule ne tue pas. Je me relève aussitôt, riant. Et pour tout avoué, l'histoire de cet "ami" me rend perplexe. Mon esprit tordu fait défilé toute sorte de scénarios loufoques dans ma petite tête. Cependant, je préfère me taire et, voir de mes propre yeux au moment venu.

- Je suppose que c'est moi qui paie ?

Un sourcil levé. Quelle stupide question. Avec la jeune playboy, il va de soit que la réponse est positive. Je ne roule pas sur l'or malheureusement, sinon j'aurais pu me montrer plus généreux mais soit. Va pour cette fois. Je la laisse se changer à nouveau, saisit la robe et vais régler la facture. Nous sortons ensuite de la boutique. Oui, je lui porte aussi ses affaires, vous êtes jaloux ? Mon bras entoure ses épaules, la rapproche un peu et j'applique affectueusement mes lèvres sur ses cheveux dans un doux baiser.

- Où va-t-on maintenant ?

Il souriait. Et il la regardait comme s'il s'agissait en réalité de la septième merveille du monde. Etrangement, même Sae Ri qui n'a guère besoin de l'avis ou du regard des autres pour prendre conscience de ses atouts ne put s'empêcher de ressentir une certaine allégresse. Surement parce qu'elle se disait tout de même qu'elle avait de la chance, beaucoup de chance, d'avoir un Sebastian tel que lui. Certes, la coréenne a bien l'habitude de manipuler les gens et de les faire céder à ses caprices, mais en général, avec Ji Hun, elle n'a besoin que d'une minute ou deux pour qu'il lui donne une réponse positive. « Je vois ~ Et bien, j'accepte Princess. » Eh bien vous voilà donc face à un nouvel exemple. Tout ce qu'elle eut à faire fut de lui expliquer en quoi consistait sa mission pour qu'il accepte sans demander son reste. Mais c'est qu'en plus, il posa un de ses genoux à terre pour lui faire profiter d'un baise-main devant la totalité des clients. Cette fois-ci, ce fut autour de Sae Ri d'afficher un sourire radieux. Et une fois debout, la jeune femme se mit sur la pointe des pieds pour déposer un doux baiser sur sa joue. Comme signe de reconnaissance ? Hum, oui, si on veut. Elle voulait lui rendre le pareil, à sa façon. C'était tout de même bien peu face à tout ce qu'il faisait pour elle, non ? « Je suppose que c'est moi qui paie ? » Enfin, quoique... Un baiser de Sae Ri ne peut pas être monnayé, voyons. Et on ne peut pas le comparer face au prix d'une robe, c'est vrai. « Comme d'habitude ! ~ » qu'elle disait, son éternel sourire sur le visage.

Et hop, un tour dans la cabine d'essayage. Elle prit la robe puis la laissa à son prince pour qu'il puisse régler facture. Il portait la poche contenant la robe pendant que Sae Ri avançant tranquillement, les mains vides. Eh bien oui, c'est ça, un gentleman ! Blottit dans les bras du coréen, la brunette eut même droit à un baiser qu'il déposa délicatement sur ses cheveux, il lui demanda ensuite d'indiquer leur prochaine destination. Sae Ri vint alors poser son index sur sa bouche, avant de finalement pointer une enseigne au loin, qui semblait être celle d'un salon de coiffure. «Eh bien, il faut que j'aille me faire poumponner là-bas ! J'ai besoin qu'on me maquille et qu'on me coiffe mais avant... On peut aller manger quelque chose, diiis ?! »

« Comme d'habitude ! ~ ». Une habitude qui avait une net tendance à vider mon porte feuille tout de même. Je sais que ma bourse de sport me rapporte amplement de quoi vivre, mais pas de là à couvrir tout les frais de sa majesté. Ça non. Et je suis loin d'être un gentleman Sae Ri. J'apprécie notre jeu, c'est tout. J'aime à jouer un rôle, ce rôle qu'elle m'a trouvé, tel un chevalier servant. Et la vérité est que je ne dis jamais non. J'en suis bien incapable, comme soumis aux désirs de ces dames. Car si elles ont ce qu'elles souhaitent, elles m'aimeront -superficiellement certes, mais je m'en contente assez. Ma logique. Simple comme bonjour. Alors j'écoute encore la jolie princesse, bien logée contre moi. « Eh bien, il faut que j'aille me faire poumponner là-bas ! J'ai besoin qu'on me maquille et qu'on me coiffe mais avant... On peut aller manger quelque chose, diiis ?! », sauve qui peut ! C'est que cette petite a vraiment décidé de me faucher ! Ma main libre, celle qui ne se trouve pas sur ses épaules, vient lui saisir fermement le menton. Je la fixe alors dans le blanc des yeux, un air plutôt sérieux flottant sur mon visage.

- Non. On va aller chez le coiffeur et après ça, on rentre. Tu n'auras qu'à manger chez moi, pendant que je choisirais ma tenue ~ Okay ?

En fait, je ne lui laisse guère le choix. Ma décision est prise et je sais m'imposer quand il le faut. D'un doux mouvement, j'applique mes lèvres contre son front, afin de l'embrasser une nouvelle fois. Signe de protection, peut-être. Nous nous dirigeons donc vers l'enseigne qu'elle m'avait indiqué plus tôt, un bon coiffeur. Même sans rendez vous, Sae Ri est rapidement pris en charge par une -belle- demoiselle. Moi, pendant ce temps là, j'attends tranquillement avec mon magasine sur un siège, non loin de celui de ma protégée. De temps à autre, mon regard se fixe sur elle et croise ses prunelles sombres par le biais de la glace. Elle semble heureuse. Je me suis toujours demandé si ce sourire ne trahissait pas une certaine amertume au fond. Elle ment si bien...

- C'est votre soeur ?

La coiffeuse, de ses doigts de fée, prend grand soin de la chevelure de Sae Ri. Mais, elle n'hésite pas à faire la discussion non plus, posant cette question amusante. Elle l'est, puisque j'échappe un petit rire, qui la fait sourire à son tour.

- Non, c'est une amie. Je fais le chaperon.

Heureusement pour Sae Ri, il y avait toujours des personnes telles que Ji Hun pour payer à sa place. Sauf que cette fois-ci, on aurait dit qu'il avait vu noir dès le moment où elle avait prononcé le mot « manger ». La main libre du brun était venue tenir fermement le menton de la demoiselle, alors qu'il la fixait dans le blanc des yeux, tout en lui faisant part de son planning. La principale concernée se contenta de cligner des yeux pendant un certain moment, comme si l'information tardait à atteindre son cerveau, avant de finalement hocher la tête et reprendre sa route vers le salon, mais elle ne put s'empêcher de laisser échapper une petite remarque. « Sebastiaaaaaan ! ~ Je suis une princesse, pas une gamine, araseo ? » Bon, c'est vrai que la manière dont elle le disait la rendait peu crédible... Mais il fallait que ce soit dit, voilà tout ! Hum, de toute façon, se la fermer ne fait pas partie des capacités de Sae Ri...

Joyeusement, elle avait alors pris place sur un fauteuil, alors qu'une jeune femme était venue vers elle pour s'occuper de sa jolie crinière. De temps à autres, elle échangeait des regards complices avec son ami, son éternel sourire scotché aux lèves. Hum, en réalité, il n'avait pas tout à fait tort lorsqu'il pensait que ce sourire cachait des choses plus sombres en dessous. En fait, c'est tout simplement que la demoiselle pensait fermement que la vie était bien trop belle pour que l'on se morfonde sur son propre sort, alors elle se contentait de sourire, encore et encore, et d'essayer d'oublier, pour profiter pleinement de ses journées. Mais peu importe ! Un détail venait d'attirer l'attention de la coréenne. Hum, la coiffeuse avait demandé si Sae Ri était sa soeur... Cela voulait donc dire qu'elle avait tout simplement une idée derrière la tête. Et, automatiquement, sans même savoir pourquoi, la brunette l'interpella. Alors qu'elle s'était penchée vers elle, la jeune femme se mit à lui chuchoter quelque chose à l'oreille. « Vous êtes si jolie, et vous avez l'air si gentille, alors je ne voulais pas vous laisser avoir de faux espoirs... … En fait, il est gay. Enfin, il ne supporte pas que je le dise aux autres, alors, s'il vous plait, gardez le secret ! » Comme quoi, la miss mérite tout de même sa réputation de comédienne hors paire. Lorsque son regard rencontra de nouveau celui du brun, elle ne put s'empêcher de réprimer un petit rire, amusé. Enfin, une fois sa coiffure terminée, Sae Ri tourna légèrement le fauteuil pour se retrouver face à lui. « Alors, alors, qu'est-ce que tu en penses ? »

Peut-être que cette coiffeuse est intéressée par ma jolie plastique et mon sourire digne d'une publicité pour dentifrice. Évidement, je n'aurais pas dit non. Je ne dis jamais non. Là est mon point faible. Mais en compagnie de Sae Ri, il ne faut pas rêver ! Cette petite semble très possessive envers son Sebastian, moi, et n'hésite pas à lui glisser un ou deux mots à l'oreille. Elle doit certainement lui dire que je suis pris, que je suis impuissant, ou même gay, rien ne m'étonne venant d'elle. Le pire est qu'elle ment comme elle respire, soit, d'une manière déconcertante. Enfin, je n'y fais pas attention. Mes doigts se glissent sur les pages de mon magasine et les font défilés sous mes yeux. « Alors, alors, qu'est-ce que tu en penses ? », aussitôt, je relève le visage. Sae Ri n'a guère été victime de grand changement, mais cette nouvelle coupe de cheveux a le don de la sublimer un peu plus.

- Tu es ravissante ~ Et je ne mens pas moi.

Nos rires accompagnent ma réplique, nous nous comprenons sous le regard amusé de la coiffeuse. Je patiente encore un long quart d'heure, les fesses dans mon siège en cuir, afin que sa majesté se fasse maquiller. Une fois fait, je n'attends pas qu'elle me demande un quelconque avis, je devance :

- Tu es vraiment sublime ...

Je lui embrasse automatiquement la joue, saupoudrée délicatement de blush. Je suis attendris face à ce tableau, elle est tout bonnement adorable. Et heureusement, sinon je n'aurais pas payer de ma poche, comme je suis entrain de le faire. Nous quittons ensuite le salon, j'en profite pour saisir sa main, nouant mes doigts aux siens à la manière d'un couple : direction Yonsei.

Sur le chemin, dans les ruelles, dans le métro, les regards étaient rivés, uniquement, sur nous. Ou elle. Il est vrai que de cette façon, la jeune femme arbore des airs beaucoup plus adultes, beaucoup plus désirables et charmantes. Cependant, nous étions tellement serrés l'un contre l'autre, proche et complices que personne n'aurait osé l'approcher. Nous projetions une image du couple parfait, alors que nous le sommes pas. C'est ce que j'apprécie avec Sae Ri. Nous arrivons alors dans ma chambre, nue de présence.

- Installe toi, je vais cuisiner quelque chose ~

« Tu es ravissante ~ Et je ne mens pas moi. » Qu'il avait dit, alors qu'elle lui montrait sa coiffure. Etrangement, sa réaction lui arracha un sourire, un long et large sourire. Hum, une preuve de plus, pour démontrer qu'il connaissait plutôt bien le comportement de la brunette. D'ailleurs, il devait s'être rendu compte de la supercherie, l'ayant surement vu glisser un mot à la coiffeuse. Enfin, il commençait à être habitué, aussi. Sae Ri n'avait jamais aimé partagé. Et lorsqu'elle était en compagnie d'une personne qui lui était chère, elle ne la partageait pas non plus. Enfin, leurs rires retentirent dans le salon, laissant surement la coiffeur perplexe face à leur comportement mais tout de même amusée. Eh bien oui, disons juste que la complicité établie entre les deux coréens avait pour effet de les rendre tout bonnement... Incompréhensibles pour les autres. Leurs discussions en devenaient parfois tout simplement indéchiffrables pour un humain normalement constitué.

« Tu es vraiment sublime ... » Cette fois-ci, il ne lui avait pas laissé le temps de lui demander quoi que ce soit. Et justement, c'est ce qui rendait sa remarque encore plus bonne à entendre. Comme il le disait si bien, il ne mentait pas. Bref. Le baiser qu'il déposa sur sa joue agrandit encore plus son sourire. Elle se leva ensuite, le suivant sagement, et attendant qu'il finisse de payer la facture pour enfin sortir du salon de coiffure après avoir salué la demoiselle qui s'était occupée d'elle durant ces quelques heures. Le brun avait pris sa main dans la sienne, à la manière d'un couple, alors que la coréenne avait posé délicatement sa tête contre son épaule. Ils avaient tout l'air d'un couple, mais ils n'en étaient pas un. Etrange, n'est-ce pas ? Enfin, d'un autre côté, si un couple aussi parfait avait réellement existé, comment se sentiraient au juste les individus lambdas ? Tous les regards étaient fixés sur eux, mais pourtant, la jeune femme n'y portait guère attention. Elle savait pertinemment que tant qu'elle se trouvait en compagnie de son Sebastian, personne ne daignerait venir la déranger, et c'était tant mieux. Bref, une fois dans la chambre, Ji Hun lui fit remarquer qu'il allait préparer quelque chose à manger. De son côté, la brunette se dirigea vers un coin de la chambre pour enfiler sa robe, ainsi que des sandales blanches à talons. Elle vint ensuite le rejoindre dans le coin cuisine, passant ses bras autour de lui, comme une gamine, et posant ainsi sa joue contre son dos. « Sebastiaaaaaan. ~ J'ai mis ma robe, je te laisse terminer le repas, et après tu pourras voir le résultat. ~ »

Aussitôt arrivé dans le petit appartement, je me dirige vers la cuisine. Je sers deux grandes verres de jus d'orange et allume une des plaques pour cuisiner. Habituellement, c'est Yuan qui se met à ce genre de corvée, mais étant absent ... Je me débrouille donc, optant une cuisine au wok. Rien de plus facile ; les ingrédients sont coupés en morceau et balancés soigneusement dans cette grosse poêle. Mais, deux fins bras viennent m'interrompre, s'enroulant autour de ma taille. « Sebastiaaaaaan. ~ J'ai mis ma robe, je te laisse terminer le repas, et après tu pourras voir le résultat. ~ », ses paroles provoquent un léger sourire sur mes lèvres. Je remue de temps en temps le mélange de nouilles, viandes et légumes jusqu'à la fin de la cuisson. D'un geste habile, je me retourne, prenant la demoiselle... La princesse entre mes bras.

- C'est fait ...

Un baiser sur sa joue et nous mettons pieds sous la table. La playboy n'a cesse de me faire sourire, tant elle est ravissante. Je lui fais encore remarqué, je dois être trop gentil avec elle, c'est un fait. Mais soit. Elle me le rend bien finalement, je m'amuse en sa compagnie.

Le reste de l'après midi, nous l'avons passé à se préparer, se pomponner, bavarder. J'avais choisis de me mettre à la hauteur de Sae Ri ; un pantalon noir, longeant impeccablement mes jambes, une chemise blanche, un classique d'une valeur sûre et enfin une veste noire, à la coupe originale. Une allure de prince charmant. Mes cheveux sont soignés, des lunettes sont subliment posées sur mon nez pour faire "genre", voilà. Ainsi prêt, je me saisis des clés de la voiture dans une main, tandis que l'autre tient la sienne avec fermeté. Nous nous pavanons dans les couloirs de Yonsei sous les regards incrédules des étudiants envieux. La lune est tout juste levée, une belle soirée en perspective, le ciel tranquillement dégagé. Cette atmosphère me rappelle la nuit de notre rencontre. J'étais vêtue de vêtements similaires. Je n'aurais jamais cru, mais Sae Ri se tient toujours à mes côtés depuis ce jour. Nous entrons alors dans ma voiture, modeste. Peu importe, le conducteur et son passager se contentent de briller à la place de la carrosserie. (...)

Désormais, c'était au tour de Sebastian de recevoir les compliments de la jeune femme. Il était tout simplement magnifique. Il avait justement... Une allure de prince. Une allure de prince, et un vague air d'un certain majordome du nom de Sebastian. Oh, le fait que la brunette lui trouve une ressemblance avec ce personnage est loin d'être une mauvaise chose, au contraire ! Disons juste que ce démon du nom de Sebastian, elle le trouve d'une beauté incroyable, et d'un charme sans pareil. Si elle donnait le nom de Sebastian à son ami, c'est qu'il devait regrouper toutes les qualités qui y étaient assimilées, non ? Elle lui indiquait le trajet et le nom des rues par lesquelles ils devaient passer, mais n'oubliait jamais de lui jeter quelques coups d'oeil, un large sourire sur le visage, lui rappelant oh combien il était irrésistible dans cette tenue. Réellement, elle n'aurait pas pu trouver mieux comme cavalier. Et d'ailleurs, elle fut confortée dans son choix lorsque la voiture s'arrêta enfin pour laisser entrevoir ses occupants.

On ne perd pas les bonnes vieilles habitudes, n'est-ce pas ? Une fois descendu, le coréen vint ouvrir la portière de Sae Ri. Une jambe, puis une autre. Et elle dévoila enfin sa belle robe et son visage de poupée aux invités. Ses cheveux étaient ondulés, bien plus que d'habitude, et avaient plus de volume. Son maquillage, quant à lui, mettait surtout en valeur ses yeux de chat. Le tout lui donnait un air plus adulte. Quant à Ji Hun, encore une fois... Il avait tout d'un prince. Le couple parfait ? Ils allaient en faire bien des jaloux dans cette soirée. Eh bien, leur arrivée fut remarquée, très remarquée. Hum, le lieu en question ? Un club très en vogue. Mais qui avait été réservé pour la soirée, par l'organisateur en personne. Alors qu'ils avançaient, Sae Ri tenant fermement le bras de son Sebastian, tous les regards étaient braqués... Et bien, sur eux. Les talons de la jeune femme claquaient sur le carrelage, se trouvant désormais à l'intérieur du club. L'objectif de la miss fut à moitié atteint puisque, l'organisateur de la soirée, c'est à dire son ex, ne rata pas son entrée. Il la fixait du regard, malgré qu'il y ait déjà bien du monde dans les environs. Oh. Et il avait tout aussi bien remarqué son cavalier. Hum, comme on le dit bien souvent, la vengeance est un plat qui se mange froid, non ? Justement, Sae Ri était bien décidée à prendre la sienne. Alors que l'individu en question s'était redressé, venant dans leur direction, la jeune femme fit mine de ne pas l'avoir vu et se dirigea vers un sofa, au loin, sous les yeux de tous, se blottissant subtilement contre son ami. « Hum... Sebastian. ~ Surtout, s'il arrive, reste avec moi. Huh, le pauvre chou, je sens que cette soirée va être très difficile à supporter pour lui, tu vas lui voler la vedette ! » Elle adressa un clin d'oeil à Ji Hun avant de laisser échapper un petit rire.