"Je suis fatiguée... et je n'ai encore rien fait de la journée, c'est grave !"

Toute seule dans son coin, Cheryl marmonnait des choses incompréhensibles, se plaignant calmement, histoire de ne déranger personne d'autre qu'elle-même. Nous étions un samedi et les samedis quand il fait beau, Cheryl passait ses journées sous sa forme de hibou à vagabonder dans l'école, à surveiller les autres élèves, à voler dans les aires, à vivre librement sa vie. D'ailleurs, elle ne passait que ses journées ensoleillées, sous sa forme animagus, car étant une vampire rejetant le soleil et ne vivant que dans l'ombre, sous sa forme de hibou, elle pouvait sortir comme elle voulait sans craindre le soleil. Il est vrai que ces capacités de métamorphose, était presque une aubaine pour elle, lui permettant de circuler à toute heure en toute tranquillité. Mais cela ne valait que quand il faisait beau, triste soit-il, tout à une limite. Car quand il pleut ou quand le vent souffle fort, Cheryl ne peut pas tranquillement voler, l'obligeant à souvent s'arrêter pour faire une pause et c'était loin d'être agréable, un peu comme le soleil pour sa forme humaine. Alors, généralement quand il faisait mauvais temps, comme aujourd'hui d'ailleurs, elle passait son temps à travailler. Évidemment, tellement sérieuse, elle avait déjà tout fini la veille, espérant que le lendemain, elle aurait pu passer la journée entière, l'esprit léger. Elle avait donc beaucoup de regret et comme toutes ses révisions étaient faites et ses devoirs aussi, elle n'avait strictement rien à faire. Elle aurait pu surement relire ses fiches encore toute la matinée, mais décidément, après avoir autant fourni d'effort la veille, elle n'en avait plus le courage.

Elle restait donc là, dans l'ombre de sa salle commune, éloigné des autres, à regarder par la fenêtre la pluie tomber en abondance. Elle pleurait intérieurement, elle aurait pu passer une si belle journée. C'est d'ailleurs pour cette raison, qu'elle restait loin des autres, elle s'apitoyait tellement sur son sort, que ça aurait démoralisé tous ses amis et puis eux naturellement, la fuyaient, comme si c'était la période des menstruations, si évidemment un vampire peut avoir des cycles pareils. Pour elle, ses menstruations, c'était généralement le dégout du sang fourni par Dasy et l'envie inopinée du sang fraichement et directement prélevé d'un cou tendre. C'était beaucoup plus rare, que les dites menstruations des êtres vivants, mais ça se suivait en cycle, évidemment en ce moment-même elle n'avait aucune envie d'aller mordre un pauvre loup ou un pauvre sorcier, elle était totalement rassasiée et ne pouvait surement plus rien ingurgité d'autre. Mais sa pale figure et ses yeux noirs, ne pouvait que faire fuir et certains amis, proche d'elle, s'amusait à dire, que ses anglais allaient débarquer et que le massacre allait bientôt débuter. Qu'est-ce que les kaban pouvaient être parfois gamin. Au bout d'un certain temps, elle se déplaça quand même pour aller chercher un bouquin dans son dortoir. Ne rien faire, l'enfonçait de plus en plus dans la déprime et elle avait besoin illico de s'occuper avant qu'elle ne devienne qu'un corps sans âme, tel un énorme légume étalé sur le siège au fond de la salle commune. Elle préférait même écouter les longues histoires que racontait Lukas à son noche adoré, noche qui n'est autre que Cheryl sous sa forme de hibou, celui-ci ne savait pas du tout, qu'en faite, ce beau hibou blanc, n'était autre qu'une élève un peu plus âgée que lui et sans se poser la moindre question, il lui racontait même des choses parfois intimes et la jeune kaban savait surement tout ce que qu'il fallait savoir sur sa vie, comme un peu comme un journal intime, mais vivant et avec une conscience.

Elle revint après quelques minutes de son dortoir avec un gros bouquin entre ses petites mains, une encyclopédie ou un grimoire, elle-même ne le savait pas, elle avait surement pris le premier bouquin qui lui passait sous la main. Elle se replaça à sa place originelle et commença à le feuilleter douloureusement. À chaque page tournée, elle soupirait fortement, ce qui en même temps attirait les regards et à chaque fois qu'elle avait fini une page, qu'elle ne lisait pas d'ailleurs, ses camarades se tournaient vers elle silencieusement et attendaient surement calmement que cette bombe à retardement explose enfin. Enfaîte chacun d'eux savaient que dans ces moments-là, ils ne devaient pas chercher très loin, c'était Cheryl quoi. Après quelques minutes de manège avec son bouquin à l'envers, elle fit un énième soupire et en dans un mouvement rapide, ferma le livre et fixa les yeux interrogateurs tournés vers elle depuis déjà un moment, pour leur répondre, elle fit un sourire forcé et crispé, tellement crispé, qu'il faisait plus peur qu'autre chose.

Elle se leva et se déplaça pour déposer le livre au milieu de la table basse ornant la salle commune et sans un regard vers ses amis et camarades, elle prit la sortie en formulant un "J'y vais !", rapide, mais distinct. Arrivé dehors dans les larges couloirs de l'aile sud, elle regarda autour d'elle, ce qu'elle cherchait, c'était surement son hamster, qui avait laissé seul sa maitresse, malgré le mauvais temps, pour aller faire sa balade matinale, "Raaah ! Qu'est-ce qu'il peut être casse-couille celui-là, je vous jure !" marmonna-t-elle sans faire attention aux regards qui s'étaient arrêtés sur elle, décidément aujourd'hui tout le monde était décidé à la fixer sans aucune raison valable. Elle avait quelque chose sur son visage ou quoi. Quand elle bougea enfin pour essayer d'aller au château, elle tomba sur la "gentille" concierge, plus énervante que gentille, pour dire vrai. Elle s'arrêta en face d'elle avec sa vieille mine habituelle, Cheryl eut rapidement les yeux grands ouverts, surprise de son apparition soudaine."Mademoiselle Davis, n'avez-vous pas mieux à faire que de flâner dans les couloirs ?" Cheryl aurait surement voulu lui répondre, mais elle n'en eut pas le temps, car la vieille dame mâcha rapidement "Aller ! Retournez dans votre salle commune, vous avez des devoirs à faire, non ?". Elle ne savait pas pourquoi, mais la blonde se sentait grandement visée, car même si le couloir était remplit de monde, c'était elle qui était attaquée et personne d'autre. Peut-être qu'elle devenait parano, mais vu comment la concierge la traitait, elle pouvait difficilement croire que c'était elle-même qui délirait et avait parfaitement compris que la vieille peau, lui en voulait vraiment. Pourquoi ? Cheryl n'en savait rien, peut-être parce qu'elle était plus belle qu'elle, avec ses beaux cheveux blonds. Non la blonde n'était pas narcissique, juste un peu beaucoup réaliste. En guise de réponse donc, elle lui fit un simple sourire glacial et sans perdre un instant, elle l'esquiva froidement et s'éclipsa le plus rapidement possible.

Elle passa par le passage qui reliait l'udovolʹstvie's hall à l'enceinte du château. Arrivé dans le vaste endroit qui s'offrait à elle, elle escalada rapidement les escaliers pour arriver au premier étage. Elle n'avait surement rien à faire dans cet endroit, encore moins que dans sa salle commune, mais préférait glander et flâner, que de foutre une mauvaise ambiance parmi ses camarades qui s'occupaient calmement. Arrivé dans le couloir, elle s'arrêta un instant face à la grande fenêtre, qui permettait d'éclairer plus que suffisamment le large couloir et pendant un court instant de déprime, elle regarda la pluie tomber. C'est vrai que c'était assez beau à voir, mais cela restait tout de même décourageant et déprimant, surtout pour une vampire qui aimait sa forme animale et qui essayait de passer le plus de temps possibles sous cette magnifique forme. Après avoir bien déprimé, elle se détacha de la fenêtre, pour mieux regarder le couloir. Elle observa discrètement les personnes qui y circulaient, jeta un petit coup d’œil, pour vérifier si la concierge ne l'avait pas suivi, puis son regard tomba sur son fameux ami, Lukas. Il semblait être seul, sans sa très chère petite amie, qu'il affectionnait tant. Elle décida donc, de faire ce qu'elle faisait habituellement. Elle s'éloigna de son coin pour se placer au milieu du couloir, marcha doucement et lentement et arrivé à sa hauteur, elle le fixa calmement et lui adressa l'un de ses plus beaux sourires, elle était contente de le voir, elle lui rappelait sa forme de hibou et ses histoires qu'il raconte sans gène, elle l'aimait bien, même si celui-ci, ne la connaissait pas du tout et elle trouvait ça triste, même si elle ne pouvait pas faire autrement. Après être passé à côté de lui et avoir capté son regard, elle se détourna pour continuer son chemin, comme à son habitude.